Le film Foragers (2022) de Jumana Manna (également intitulé Cueilleurs en français) est un documentaire hybride, mêlant fiction, images d’archives et scènes issues de la réalité, tourné en Galilée, dans le Golan et à Jérusalem. Il raconte la cuisine traditionnelle palestinienne à travers la cueillette sauvage du za’atar (thym) et de l’akkoub (plante ressemblant à l’artichaut), une pratique ancienne aujourd’hui interdite par les lois israéliennes de protection de la nature, qui applique des amendes et poursuit en justice les cueilleurs.

Le film suit les moments de chasse par les patrouilleurs, les défenses au tribunal, mais aussi les rituels familiaux (de la cueillette en pleine nature à la préparation des plantes en cuisine), révélant l’importance de ces traditions pour la transmission culturelle et identitaire des communautés palestiniennes. Avec une tonalité à la fois mélancolique et ironique, il interroge la politique de la conservation : fige‑t‑on vraiment la nature ou masque‑t‑on une nouvelle forme d’appropriation territoriale ? Foragers nous plonge dans une résistance douce : celle des gestes simples et anciens contre les contraintes légales, montrant comment le lien au sol, à la culture culinaire et aux savoir-faire ancestraux devient un acte politique et poétique.

Soup Over Bethlehem dépeint une famille palestinienne ordinaire, celle de Larissa Sansour (la réalisatrice), qui partage un dîner sur un toit surplombant la ville de Bethléem en Cisjordanie. Ce qui commence comme une discussion culinaire sur le plat national « mloukhieh » évolue rapidement vers une conversation personnelle et engageante sur la politique, soulignant ainsi la symbiose entre la nourriture et la politique, si révélatrice de l’expérience palestinienne.